Les Images racontent des histoires. Éléments de séries qui appellent d'autres commentaires, d'autres pistes. Instants parfois anciens, montrés avec du temps, avec l'envie seulement de parler du temps qui passe. Et puis des mots écrits et montrés, des expériences. Le temps, même aujourd'hui, à la seconde, là, il passe quand même, il fait récit. Il n'y a pas de nostalgie possible. Cette curieuse envie d'une urgence à prendre son temps pour, aujourd'hui même, regarder. JLK

dimanche 22 février 2015

Une maison rouge et transparente, no name...

Facebook, 11 septembre 2014 ·
photo de ArchDaily.

Cette fois-ci une image qui n'est pas de moi mais qui circulant sur Facebook m'avait fait réagir en septembre 2014. Je me rends compte que certains textes que je mets sur Facebook entrent ensemble en résonance, plus que je ne l'aurais imaginé, d'où ici sa publication pour peu à peu créer cet ensemble : Instants sombres ou réfléchis

 


ArchDaily. No Name Shop / Ali Dehghani, Ali Soltani & Atefeh Karbasi (archdai.ly/TLE4my) Photo © Farshid Nasrabadi   En savoir plus

Je ne sais pas quoi penser de cette image.
Le B.A.Ba de tous mes moments d'observation de la technique c'est d'avoir toujours pensé que la technologie n'a rien à voir avec la modernité sous prétexte qu'elle ne serait qu'elle même avance, mais seule. Demandez à l'EI en Irak ce qu'ils font du numérique tiens. Que le plus bel objet s'il est tout seul, s'il est hors contexte, s'il est sans dialogue, ne peux guère être autre chose qu'un "en soi" qu'un "pour soi" voire qu'un "pour moi", le moi de celui qui le fait, le commande, l'achète ou l'admire. D'ailleurs ici aussi "pour moi" même de la force de cette tache de lumière qui en effet me touche, peut-être même de la qualité de l'accident qu'elle provoque dans cette rue.
Ici donc une belle architecture rouge et transparente mais en même temps la rue justement. La rue à peine en terre avec ses ornières profondes, la pauvreté des maisons qui la longent et ces longues tuniques noires et aveugles des femmes recouvertes qui l'arpentent. La modernité masquée, bafouée, repoussée comme ailleurs et à nouveau ici même plus souvent qu'à notre tour, nous mêmes ébahis du retour même dans nos tours et nos rues qui n'en demandaient pas tant.
Il y donc ici cet objet superbe dont je ne peux dire la raison en cet endroit. Il faudrait savoir le projet, la commande, la question du lien à l'entour. Ce qui en fera quelque chose comme un exemple ou un repoussoir, ou peut être trivialement une de ces provocations de la richesse. Penser en même temps au Corbu et à sa maison du fada quelque part le long de Michelet vers Marseille sud. Ce en quoi elle a choqué et combien elle a été utile bien au delà d'elle-même. Mais ici, qu'est-ce qui se passe vraiment? Plus encore, qu'est-il vraiment possible en ce lieu qu'on devine? Avec sa pauvreté, ses renoncements, ses refus et ses contraintes. Alors quoi le contexte ? Hors contexte?
Est-ce que ce ne serait pas cet accident en lui-même qui ferait contexte?


Instants sombres ou réfléchis