Les Images racontent des histoires. Éléments de séries qui appellent d'autres commentaires, d'autres pistes. Instants parfois anciens, montrés avec du temps, avec l'envie seulement de parler du temps qui passe. Et puis des mots écrits et montrés, des expériences. Le temps, même aujourd'hui, à la seconde, là, il passe quand même, il fait récit. Il n'y a pas de nostalgie possible. Cette curieuse envie d'une urgence à prendre son temps pour, aujourd'hui même, regarder. JLK

samedi 24 décembre 2016

Trouver l'autre berge


Marcher le long de la Loire.
Souvent.
Pas assez.

Ce jour-là, presque rien que ce gris tout autour. Marcher et s'appuyer là au bord. L'endroit où la rambarde.
Garde-corps. Garder son corps jusque là, avoir marché le long.
A peine visible en face, le trait troublé de la rive gauche.

Ici dans l'estuaire, l'eau est toujours trouble.
Le bouchon vaseux qu'ils disent, qui va et  qui vient, qui revient, qui va. Ce mouvement permanent à peine arrêté d'un sens ou de l'autre toutes les six heures à peu près. Cet à peu près qui décale le temps du rythme du marnage.
Rythme décalé de la lune au soleil.
Ici la Loire large de l'estuaire, commencé déjà en amont. Cela commence au-delà de Nantes. A Ancenis même on peut la sentir, à peine mais quand même la sentir, la marée, quand elle est forte sur la côte.
A Nantes, c'est de plusieurs mètres tous les jours que cela joue. Quand le bouchon remonte au soleil des beaux jours, le trouble de la couleur de fond d'eau n'arrive pourtant pas à effacer l'éclat d'argent des surfaces. Et quand il y a du vent, les vagues sont là comme en mer à parfois même moutonner sous les rafales.
Alors l'éclat se défait en mille autres.

Ce jour-là, tout se ressemble en un.
Le brouillard encore assez épais, ce trait de rive au loin à peine ébauché, les sons éteints. Ce tout gris dans lequel tu marches.
Et tu t'appuies au corps métallique qui te garde de l'eau en plus bas.
Ce tout gris d'abord silencieux. Un peu de temps à voir le fleuve, à voir comme le fleuve bouge. Pas de vent donc puisque la brume. Le fleuve plat, à peine esquissé d'un trait de bois mort à flotter au milieu.
Celui-ci finira bien par y arriver là-bas vers la mer.
A moins qu'il ne prenne un biais vers les bords d'eaux, à s'accrocher aux herbes hautes, un rocher ou une autre branche déjà là, déjà prise.

Mais alors à peine un mouvement que ce glissement si discret.
Le gris t'entoure.
Il y a du silence.


Photographie numérique. Samsung S6. 11 décembre 2016

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