Les Images racontent des histoires. Éléments de séries qui appellent d'autres commentaires, d'autres pistes. Instants parfois anciens, montrés avec du temps, avec l'envie seulement de parler du temps qui passe. Et puis des mots écrits et montrés, des expériences. Le temps, même aujourd'hui, à la seconde, là, il passe quand même, il fait récit. Il n'y a pas de nostalgie possible. Cette curieuse envie d'une urgence à prendre son temps pour, aujourd'hui même, regarder. JLK

dimanche 29 novembre 2020

Ramasser la Loire

Ramasser la Loire, à la fin de novembre 2020

 J'habite au bord de la Loire. Depuis des années, je me rends compte que je descends progressivement son cours. Elle n'est pas toujours si douce la Loire. Mais souvent j'y vois des bois morts sur la rive.

Il y a un tout petit port aussi, on y travaille en ce moment. On y travaille à enlever la vase qui la bouche, la vase qui... mais pas qu'elle. Enlever ces poids comme corps morts, tout cela qui chaîne et s'attache, tout cela mélangé de ceux d'inutile.

Alors entassés sur le port sans attache, parfois même juste plus rien que ce lien élimé. Élimé, délaissé, tordu, tout ce qui sort. Tordu jusqu'à pointe curieuse, pointe curieuse comme serpent sortie de l'eau trouble

Pointe curieuse comme serpent sortie de l'eau trouble. Pointe curieuse bientôt du nouveau flot des pages.

Ce soir il faisait doux à ramasser la Loire.

Sur une, jolie, proposition de Nathanaëlle Quoirez dans le cadre de son atelier d'écriture

dimanche 28 juin 2020

Mots croisés

Se demander combien de mots croisés ces mains-ci, toutes les grilles remplies lettres à lettres, combien de ces paysages de mots et d'énigmes habités peu à peu, lettres à lettres, ces mains de tout un savoir, se demander ce qui de toutes les expériences de la vie se font aussi de l'expérience des mots, de ceux qui s'écrivent, lettres à lettres, ces mots croisés et puis ces mains, ces mains à écrire encore et combien encore, ce qu'elles ont croisé elles-mêmes des mots, de la vie des mots et des gens depuis ce presque siècle de la naissance, à deux ans près depuis ce jour de l'été. Parfois même ne pas savoir. Alors ce qui vient à la vie renouvelée de ceux et celles qui suivent et viennent d'elle, mère et grand-mère et arrière grand-mère, elle avec ses mains à écrire la suite des mots et aussi le sourire, toujours aussi le sourire de ces mots croisés de ceux qui de la vie de son sourire même, parce que tous les ans la lumière au plus long du jour de l'été, au cas où quand même 
 

21 juin 2020

mercredi 27 novembre 2019

Matière de pluie

Tu te prends cette averse
sur la tête
et tu te dis qu'en elle-même
la pluie
sur la tête
la pluie est une matière
absolument
une matière

lundi 16 septembre 2019

L'après du bleu, le silence

Au moment
juste au moment

va se
faire
le silence
celui-là de la nuit
le silence
quand tu te demandes
à chaque fois
comme si cela 
ne serait pas
du métal
ce liquide
de la fusion
des rouges et des sels
au moment
juste

la lumière
fait encore
lame 
renouvelée de ce qui
se dépose
sur le sable
doucement
sur le sable
quand tout se passe
de l'après du bleu
du jour
que le bleu
encore un peu
mais presque
plus
que ce presque
bleu
qui passe
par les blancs
et les gris
de tous les métaux
refroidis
sur la lame
et qui fonce
doucement après
jusqu'au noir
après
les rouges et les ors
de
toutes
les fusions
jusqu'au noir
bientôt
de la nuit silencieuse
ce qui
fera silence alors
juste
animé
de la lenteur
du liquide
alors
noir
invisible
à nuit noire
enfin
presque noire
parce que le ciel
d'un jour
comme ça au milieu du noir
il y aura
quand même tous
les points
lumineux
de toutes les étoiles
mais ici
pas encore
et pas encore
la lune non plus
à ce moment
précis
du couchant
de la première
planète
qui sort du ciel
à peine
visible
encore
pas encore le noir
seulement
le silence
alors
qui s'installe
et
que tout
est tranquille
juste
tranquille.
 
Photographie numérique, Samsung S7, 20190915

INSTANTS DEPLIES

lundi 8 janvier 2018

2018. Habiter toutes les vallées des livres

2018. Nouvelle Année.

Alors pour l'instant ces chemins tortueux qui se font entre eux

Commencer par ses livres, leur faire un peu de nouvelle place. Les remettre en ordre aussi, essayer cela. Organiser leur accumulation par thème pour mieux les classer bientôt sur les planches blanches. Aujourd'hui j'en sors une bonne partie pour les étaler, puis les empiler, puis les rapprocher à nouveau selon les thèmes et les sens que je souhaite leur voir prendre ensemble.

Comme je suis assis par terre pour ainsi les trier, toujours au même endroit, même si accroupi souvent ou parfois même un peu debout, je vois ce lieu se construire en un clair mais épais arc de cercle aux cernes successifs. Régulièrement je me redresse pour en prendre de leur ancienne place une nouvelle brassée et je vois l'établissement de ce qui serait déjà lu ou à relire ou peut-être même à lire, tout simplement à lire, comme le plan de cette ville utopique que tous nous nous constituons doucement à force de lire ou de vouloir lire. Le plan de ce qui s'urbanise ainsi rayonne alors du centre de mon assise incertaine. Il s'agit donc de ces rayons que forment tous les livres et je me dis que du rayonnage des livres que j'espère bien par là améliorer on passe peut-être à ce rayonnement que nous espérons tous, cette construction utopique de sa bibliothèque. Non pas le sien propre de rayonnement, ce qui serait ridicule au bas mot, mais toujours l'espoir de pouvoir avancer davantage dans ce qui attire décidément de l'apprendre et du savoir. 

Parce que je suis assis par terre pour les trier, ce qui s'empile peu à peu en colonnes progressives forme devant moi comme des ruelles, puis des constructions fragiles mais aussi à force de monter assez haut parfois comme des collines où les plateaux montent presque d'un coup au lieu de s'éroder comme font normalement tous les plateaux des terres. Géologie. A les voir ainsi on devine les couches et les strates et les différents territoires qui se touchent à peine ou plus franchement, les strates des terrains qui progressent ou qui s'envisagent à tout le moins, parce que faut-il le redire je ne les ai pas tous lus ces livres qui par terre ici s'encouchent d'empilement et par là se juxtaposent de toutes leurs promesses. Alors ce que je vois doucement se construire, c'est comme la fabrication des paysages de la transgression des temps de la terre, ces nouveaux canyons, ce qu'on ne saurait plus distinguer des rues d'une ville ou du relief du pays ainsi dessiné, de ses vallées au creux desquelles il faudra savoir s'engager pour y cheminer et rêver et apprendre et lire et rencontrer et admirer et connaître et partager et avancer et  savoir...

Savoir habiter toutes les vallées des livres.


Photographie numérique, Couëron, janvier 2018
Alors pour l'instant ces chemins tortueux qui se font entre eux

dimanche 29 octobre 2017

Ciel d'or

Alors aujourd'hui tout était ainsi, d'or et de sable suspendu. Lumière d'ailleurs, immobile d'ailleurs. Venue, certains disent du Sud, de si loin, à cause de l'ouragan de là-bas mais qui passait de côté d'un peu loin sur la mer. Aller ainsi de côté, au-delà de nos ciels. Et pourtant l'ouragan à côté, et pourtant ici immobile. Vielles images fixées, fixées comme au temps d'avant les images, mais ici au sel d'or, et ainsi immobiles et claires.

Photographie numérique, Samsung S7, Nantes, 20171016

jeudi 17 août 2017

la toile et le vent


Danse du vent
toile
sens
replier la toile
mais
le vent
fait danser
la
toile
danse sens
dans ces sens
tout sens

Vidéo, Samsung S6, Arradon, 20170816

jeudi 3 août 2017

L'oie et le chat





L'oie
et
le chat

L'oie
bouge
l'oie bouge
doucement
bouge au soleil
l'oie

juste
ce souffle
de l'air

le chat
la surveille
le chat la surveille
d'un peu plus haut
l'oie
le chat
au soleil


Tout est tranquille
c'est un joli matin
transparent



Vidéo, Samsung S6, Couëron, 20170703

dimanche 7 mai 2017

Résille déconstruite à l'inquiétude de la montée d'une eau brune et trouble

Inquiétude
eau
eau brune
et trouble

résille
résille déconstruite
à
l'inquiétude
de la montée

inquiétude
d'une eau
brune
brune

eau
eau brune
et
trouble


inquiétude de la montée
d'une eau brune et trouble

montée

inquiétude

Vidéo, Samsung S6, Couëron, 201704229

lundi 20 février 2017

Ceci n'est pas une planète


Ceci n'est pas une planète
C'est le regard que j'ai sur elle.
Paradoxe de cette lumière, jamais aussi vive que ce soir.
Rapprochement incommensurable à cette vitesse-là : plus d'un million de kilomètres par jour. Tous les jours, ce que je regarde ici, en ce moment de la nuit tombée, est moins vieux de quatre secondes. Cela va durer encore un peu plus d'un mois. Alors la planète sera environ à deux minutes et vingt secondes du regard. Et puis le cycle de l'éloignement recommencera jusqu'à sa conjonction supérieure, quand la planète sera au plus loin, à presque un quart d'heure de lumière.
Paradoxe de ce rapprochement que d'être peu à peu moins visible à partir de ce soir. Comme si ce mouvement vers ici n'était rien d'autre que de l'éloignement malgré tout, cachant peu à peu son dernier croissant pour s'en éteindre assez au moment du plus proche, dans un peu plus d'un mois. Et ainsi repartir.

Vénus, vers la conjonction inférieure, 20170219