Les Images racontent des histoires. Éléments de séries qui appellent d'autres commentaires, d'autres pistes. Instants parfois anciens, montrés avec du temps, avec l'envie seulement de parler du temps qui passe. Et puis des mots écrits et montrés, des expériences. Le temps, même aujourd'hui, à la seconde, là, il passe quand même, il fait récit. Il n'y a pas de nostalgie possible. Cette curieuse envie d'une urgence à prendre son temps pour, aujourd'hui même, regarder. JLK

lundi 8 janvier 2018

2018. Habiter toutes les vallées des livres

2018. Nouvelle Année.

Alors pour l'instant ces chemins tortueux qui se font entre eux

Commencer par ses livres, leur faire un peu de nouvelle place. Les remettre en ordre aussi, essayer cela. Organiser leur accumulation par thème pour mieux les classer bientôt sur les planches blanches. Aujourd'hui j'en sors une bonne partie pour les étaler, puis les empiler, puis les rapprocher à nouveau selon les thèmes et les sens que je souhaite leur voir prendre ensemble.

Comme je suis assis par terre pour ainsi les trier, toujours au même endroit, même si accroupi souvent ou parfois même un peu debout, je vois ce lieu se construire en un clair mais épais arc de cercle aux cernes successifs. Régulièrement je me redresse pour en prendre de leur ancienne place une nouvelle brassée et je vois l'établissement de ce qui serait déjà lu ou à relire ou peut-être même à lire, tout simplement à lire, comme le plan de cette ville utopique que tous nous nous constituons doucement à force de lire ou de vouloir lire. Le plan de ce qui s'urbanise ainsi rayonne alors du centre de mon assise incertaine. Il s'agit donc de ces rayons que forment tous les livres et je me dis que du rayonnage des livres que j'espère bien par là améliorer on passe peut-être à ce rayonnement que nous espérons tous, cette construction utopique de sa bibliothèque. Non pas le sien propre de rayonnement, ce qui serait ridicule au bas mot, mais toujours l'espoir de pouvoir avancer davantage dans ce qui attire décidément de l'apprendre et du savoir. 

Parce que je suis assis par terre pour les trier, ce qui s'empile peu à peu en colonnes progressives forme devant moi comme des ruelles, puis des constructions fragiles mais aussi à force de monter assez haut parfois comme des collines où les plateaux montent presque d'un coup au lieu de s'éroder comme font normalement tous les plateaux des terres. Géologie. A les voir ainsi on devine les couches et les strates et les différents territoires qui se touchent à peine ou plus franchement, les strates des terrains qui progressent ou qui s'envisagent à tout le moins, parce que faut-il le redire je ne les ai pas tous lus ces livres qui par terre ici s'encouchent d'empilement et par là se juxtaposent de toutes leurs promesses. Alors ce que je vois doucement se construire, c'est comme la fabrication des paysages de la transgression des temps de la terre, ces nouveaux canyons, ce qu'on ne saurait plus distinguer des rues d'une ville ou du relief du pays ainsi dessiné, de ses vallées au creux desquelles il faudra savoir s'engager pour y cheminer et rêver et apprendre et lire et rencontrer et admirer et connaître et partager et avancer et  savoir...

Savoir habiter toutes les vallées des livres.


Photographie numérique, Couëron, janvier 2018
Alors pour l'instant ces chemins tortueux qui se font entre eux